<151> un prince qui s'était rendu formidable. Ces raisons obligèrent ses voisins d'étouffer leur jalousie, et de continuer à ménager Frédéric-Guillaume.
Le roi de Suède écrivit au roi de Prusse, du fond de la Bessarabie, qu'il protestait contre la conduite de Wellingk; qu'il ne rembourserait jamais les quatre cent mille écus payés à ses ennemis, et qu'il ne souscrirait de sa vie au séquestre. Quelque dur que fût le procédé de Charles XII, le Roi, conjointement avec l'Empereur, prit les mesures les plus convenables pour le rétablissement de la paix. Ces deux princes proposèrent d'assembler un congrès à Brunswic; mais ils échouèrent contre l'opiniâtreté du roi de Suède, et contre les haines du Czar et du roi de Pologne, qui avaient appris dans l'école de Charles XII à ne point mettre de bornes aux sentiments de leur vengeance.
Pendant que la discorde régnait dans le Nord, Frédéric-Guillaume fit l'acquisition de la baronnie de Limbourg.28 Frédéric Ier en avait reçu l'expectative de l'Empereur, en faveur de la cession de la principauté de Schwiebus.
Dans le Sud, Philippe V régnait déjà paisiblement en Espagne; et Victor Amédée, duc de Savoie, reconnu roi de Sicile par la paix d'Utrecht, s'était fait couronner à Palerme, malgré les menaces de l'Empereur et les cris du Pape. Louis XIV, qui venait de faire sa paix avec la plus grande partie de l'Europe, pressait vivement Charles VI, que son obstination roidissait contre la paix. Dans le cours de cette campagne, Villars prit Landau et Philippsbourg,a sans que l'habileté du prince Eugène pût s'y opposer.
L'Empereur soutenait cette guerre plutôt par orgueil que par raison : trop faible par lui-même pour résister à Louis XIV, ses troupes étaient fondues, ses ressources, épuisées; et la bourse des puissances
28 Vollrath, qui en était en possession, vint à mourir, et avec lui s'éteignit sa race.
a Fribourg. C'est le marquis d'Asfeld qui prit Philippsbourg, en 1734.