« <154> ennemi! » Flemming se trouvait alors à Berlin; c'était le même qui, par ses intrigues, avait rendu son maître roi de Pologne, et qui fut cause qu'on le détrôna, par l'imprudente conduite qu'il tint comme général.
Flemming apprenant l'infraction que les Suédois venaient de faire à la neutralité, se rendit d'abord chez le Roi, et profita si bien des premiers moments de son emportement, qu'il le poussa à l'heure même à déclarer la guerre à Charles XII.
Dès le mois de juin, vingt mille Prussiens joignirent les Saxons et les Danois en Poméranie. Le Roi se rendit à Stettin, où, après avoir fait désarmer le bataillon de troupes de Holstein qui y était en garnison, il fit prêter le serment de fidélité à la bourgeoisie; et de là il vint en personne se mettre à la tête de son armée.
L'Europe vit alors un roi qui se trouvait assiégé par deux rois en personne : mais ce roi, c'était Charles XII, à la tête de quinze mille Suédois aguerris et amoureux jusqu'à l'idolâtrie de l'héroïsme de leur prince; de plus, sa grande réputation et les préjugés de l'univers combattaient encore pour lui. Dans l'armée des alliés, le roi de Prusse examinait les projets, décidait des opérations, et persuadait aux Danois de s'y prêter. Le roi de Danemark, mauvais soldat et peu militaire, ne s'était rendu au siége de Stralsund, que dans l'espérance d'y jouir du spectacle de Charles XII humilié. Sous ces deux rois, le prince d'Anhalt était l'âme de toutes les opérations militaires. C'était un homme d'un caractère violent et entier; vif, mais sage dans ses entreprises, qui, avec la valeur d'un héros, avait l'expérience des plus belles campagnes du prince Eugène. Ses mœurs étaient féroces, son ambition démesurée; savant dans l'art des siéges, heureux guerrier, mauvais citoyen, et capable de toutes les entreprises des Marius et des Sylla, si la fortune avait favorisé son ambition de même que celle de ces Romains. Les généraux danois étaient des fanfarons, et leurs ministres, des pédants.