<174> où fleurirent toutes sortes d'arts, depuis les plus communs jusqu'à ceux qui servent au raffinement du luxe. Des Liégeois qu'il avait attirés par ses libéralités, y établirent une manufacture d'armes, qui fournit non seulement l'armée, mais encore les troupes de quelques puissances du Nord. On y fabriqua bientôt des velours aussi beaux que ceux de Gênes. Tous les étrangers qui possédaient quelque industrie, étaient reçus, établis et récompensés à Potsdam. Le Roi établit dans cette ville, dont il était le fondateur, un grand hôpital, où sont entretenus annuellement deux mille cinq cents enfants de soldats, qui peuvent apprendre toutes les professions auxquelles leur génie les détermine. Il établit de même un hôpital de filles, qui sont élevées aux ouvrages convenables à leur sexe. Par ces arrangements charitables, il soulagea la misère des soldats chargés de famille, et il procura une bonne éducation à des enfants auxquels les pères n'étaient pas en état d'en donner. Il augmenta, la même année, le corps des cadets, où trois cents jeunes gentilshommes font leur noviciat du métier des armes. Quelques vieux officiers veillent à leur éducation; et ils ont des maîtres pour leur donner des connaissances, et pour leur apprendre les exercices qui conviennent à des personnes de condition. Il n'est aucun soin plus digne d'un législateur que celui de l'éducation de la jeunesse. Dans un âge encore tendre ces jeunes plantes sont susceptibles de toutes sortes d'impressions : si on leur inspire l'amour de la vertu et de la patrie, ils deviennent de bons citoyens; et les bons citoyens sont les derniers remparts des empires. Si les princes méritent nos louanges en gouvernant leurs peuples avec justice, ils enlèvent notre amour en étendant leurs soins jusqu'à la postérité.
Le Roi envoya la même année le comte de Truchsessa en France, pour féliciter Louis XV, qui, ayant atteint l'âge de majorité, fut sacré à Rheims.
a Charles-Louis comte de Truchsess-Waldbourg, général-major.