<176> s'enrichirent, les princes en payèrent les frais, et le congrès se sépara sans avoir rien décidé.
Pendant que ces politiques discutaient vainement d'aussi grands intérêts, Philippe V s'échappa à la vigilance de son épouse, et abdiqua subitement en faveur de son fils Louis. C'était pour lui procurer cette couronne dont il se démettait volontairement, que la France avait prodigué tant de trésors; mais la mort de son fils, qui lui remettait les rênes du gouvernement entre les mains, ne lui laissa pas le temps de se repentir de son abdication.
A peine était-il remonté sur le trône, qu'il fit un traité de commerce avec l'Empereur, à l'insu de l'Angleterre. Le comte de Königsegg, ambassadeur de Charles VI à Madrid, avait leurré la reine d'Espagne du mariage de Don Carlos avec l'archiduchesse Marie-Thérèse, héritière de la maison d'Autriche; et l'espérance de réunir dans leurs maisons toutes les possessions de Charles V, porta la reine et le roi d'Espagne à faire des conditions très-avantageuses à l'Empereur. Le roi George soupçonnait que ce traité contenait des articles secrets à l'avantage du Prétendant; la France était mécontente de ce que l'Espagne, par ses subsides, mettait l'Empereur en état de soutenir la compagnie d'Ostende; le roi de Prusse était fâché de quelques décrets fulminants que Charles VI lui avait envoyés au sujet de certaines redevances qu'il exigeait des fiefs de Magdebourg : ces trois puissances, ayant toutes des griefs contre la cour de Vienne, s'unirent par des engagements étroits, qui devaient être d'autant plus durables, qu'ils étaient soutenus par leurs intérêts particuliers. Cette conformité de sentiments donna lieu au traité de Hanovre.
La forme du traité était défensive, et roulait sur des garanties réciproques. La France et l'Angleterre s'engageaient d'une façon vague, et susceptible de toutes sortes d'interprétations, d'employer leurs bons offices, pour que les droits de la Prusse sur la succession de Berg ne reçussent aucune atteinte après la mort de l'Électeur