<182> l'Empereur. Il consistait dans des garanties réciproques et dans quelques articles relatifs au commerce de sel que le Brandebourg fait par l'Oder avec la Silésie.
A peine ce traité fut-il conclu, qu'il pensa s'allumer une guerre en Allemagne, entre les rois de Prusse et d'Angleterre, sur un sujet de si peu d'importance, qu'il n'en pouvait servir de prétexte qu'à des princes très-disposés à se nuire. La dispute vint sur deux petits prés situés aux confins de la Vieille-Marche et du duché de Celle, dont les limites n'étaient pas réglées, et sur quelques paysans hanovriens que des officiers prussiens avaient enrôlés. Le roi d'Angleterre, qui était à Hanovre, fit arrêter, par représailles, quarante soldats prussiens qui traversaient son pays avec des passe-ports. Ces princes ne cherchaient que des prétextes pour se brouiller; quelquefois même les rois s'épargnent cette peine. Le roi de Prusse trouva son honneur intéressé dans l'affaire des petits prés et dans l'arrêt des quarante soldats, et il s'abandonnait à sa haine et à son ressentiment. L'Empereur attisait ce feu; il aurait été bien aise de voir que les princes les plus puissants de l'Allemagne s'entre-détruisissent. Il promit un secours de douze mille hommes; le roi de Pologne, mécontent de celui d'Angleterre, en offrit un de huit mille hommes.
Toute la Prusse était déjà en mouvement; les troupes filaient toutes vers l'Elbe : Hanovre trembla. George, qui ne s'attendait point à la guerre, somma la Suède, le Danemark, la Hesse et le Brunswic, qui recevaient des subsides anglais, de lui fournir des troupes; et il sonna le tocsin en France, en Russie et en Hollande. L'Empereur, dans l'intention d'encourager le Roi à cette rupture, lui garantit toutes ses possessions du Wéser et du Rhin. Cette affaire allait devenir des plus sérieuses, lorsqu'elle prit inopinément une face différente. Le Roi assembla un conseil, composé de ses principaux ministres et de ses plus anciens généraux; il leur proposa l'état de la question, et leur demanda leur sentiment. Le maréchal de Natzmer,