<183> qui était un janséniste protestant, fit un long discours par lequel il déplora la religion protestante, prête à se voir éteinte par la dissension des deux seuls princes d'Allemagne qui en étaient les protecteurs. Les ministres appuyèrent sur les raisons secrètes qu'avait la cour impériale d'aigrir les esprits avec tant de malice, dans une affaire d'ellemême peu importante, et qui était encore en termes d'accommodement. Un prince qui écoute des conseils est capable de les suivre. Le Roi remporta ce jour sur lui-même une victoire plus belle que toutes celles qu'il eût pu remporter sur ses ennemis : il fit taire ses passions pour le bien de ses peuples, et les ducs de Brunswic et de Gotha furent choisis de part et d'autre pour accommoder ces petits différends.
L'Empereur fit ce qu'il put pour traverser cette négociation; mais elle fut terminée promptement. On relâcha les soldats prussiens, on rendit les paysans de Hanovre; et l'affaire des prés fut terminée. Ces sortes d'accommodements faits à l'amiable, sont d'autant plus sages, que les princes, après les guerres les plus heureuses, sont tôt ou tard obligés d'en revenir là, sans obtenir de plus grands avantages. Cet exemple de modération de la part de Frédéric-Guillaume est peutêtre unique dans l'histoire.
Ce prince, toujours plus occupé du bien de ses sujets que de son ambition particulière, fonda l'hôtel de la Charité à Berlin, sur le modèle de l'Hôtel-Dieu à Paris. Il bâtit la Friedrichsstadt, dont l'étendue, la régularité des rues, toutes tirées au cordeau, et la beauté des édifices, surpassent de beaucoup ceux de l'ancienne cité; et il eut le plaisir d'y recevoir le roi de Pologne. L'entrevue de ces deux princes se passa dans les festins et dans les magnificences.
Cependant on ne cessait de négocier pour prévenir les troubles de la guerre. Les puissances convinrent d'assembler un congrès à Soissons, où se rendirent les ministres de toutes les cours intéressées au traité de Hanovre et de Vienne; et les avantages que la France et