<230> pas à se repentir de sa sottise : il regretta ses idoles, qui étaient des objets palpables de son culte, et qui lui étaient bien moins onéreuses que les tributs qu'il payait tous les ans au pape, qu'il ne voyait jamais. L'amour de la liberté, la force d'un ancien préjugé, l'avantage de son intérêt, tout le ramena à ses faux dieux. Mistevoius, roi des Vandales, se mit à la tête du parti du paganisme renaissant; et il rétablit l'ancien culte, après avoir chassé le margrave Thierry de Brandebourg.
Ce furent encore des guerriers qui, pour la troisième fois, rétablirent le christianisme dans le Brandebourg; la religion catholique, triomphante, y parut alors sans contrainte, et entraîna après elle les plus grands scandales. Les évêques étaient ignorants, cruels, ambitieux, et de plus guerriers; ils portèrent les armes en personne contre les margraves et contre d'autres voisins, pillant, ravageant, brûlant les contrées, et s'arrogeant, malgré une vie aussi souillée de crimes, un pouvoir absolu sur les consciences.
Ces désordres étaient si communs dans ces temps, que l'histoire en fourmille d'exemples; je me contenterai d'en rapporter deux seulement :40 en 1278, l'archevêque Günther de Magdebourg fit la guerre à l'électeur Othon, surnommé le Sagittaire, le fit prisonnier, et l'obligea de se rançonner moyennant une somme de sept mille marcs d'argent; en 1391, l'archevêque Albert, qui était toujours armé, se saisit du sieur de Bredow, qui était gouverneur général de la Marche, prit la ville de Rathenow, et pénétra le long de la Havel, le flambeau dans une main et l'épée dans l'autre, et désola ainsi tout le pays.
L'ignorance crasse où vivaient ces peuples pendant le XIIIe siècle, était un terrain où la superstition devait fructifier : aussi ne manqua-t-on pas de miracles, ni d'aucune supercherie capable d'affermir l'autorité des prêtres. Lockelius raconte gravement que le prince Othon, ayant été excommunié par l'archevêque de Magdebourg pour des raisons frivoles, se moqua des censures de l'Eglise;
40 Lockelius.