<235> de Trente en fit depuis un dogme. Le culte des images avait été autorisé par le second concile de Nicée;48 et la transsubstantiation fut établie par les Pères du concile de Trente.49 Les écoles de théologie soutenaient déjà l'infaillibilité du pape, depuis que les évêchés de Rome et de Constantinople se trouvaient en opposition. Quelques solitaires fondèrent des ordres religieux, et rendirent toute spéculative une vie qui doit se passer en action pour le bien de la société : les couvents se multiplièrent à l'infini, et une grande partie du genre humain y fut ensevelie. Enfin toutes sortes de supercheries s'inventèrent, pour surprendre la bonne foi du vulgaire; et les faux miracles devinrent presque communs.
Ce n'était pas cependant par des changements qui regardaient l'objet de la foi, que la réforme pouvait venir dans la religion : du nombre des gens qui pensent, la plupart tournent toute la sagacité de leur esprit du côté de l'intérêt et de l'ambition; peu combinent des idées abstraites, et encore moins réfléchissent profondément sur des matières aussi importantes; et le peuple, la plus respectable, la plus nombreuse et la plus infortunée partie de la société, suit les impressions qu'on lui donne.
Il n'en était pas ainsi du pouvoir tyrannique que le clergé exerçait sur les consciences : les prêtres dépouillaient les hommes de leurs biens et de leur liberté; cet esclavage, qui s'appesantissait chaque jour, excitait déjà des murmures. L'homme le plus stupide comme le plus spirituel, dès qu'il a de la sensibilité, s'aperçoit du mal qu'il souffre; tous tendent à leur bien-être; ils endurent un temps, mais à la fin la patience leur échappe; et les vexations que tant de peuples souffraient, auraient immanquablement donné lieu à quelque réforme, si le clergé romain, fortement agité par des dissensions intestines, n'eût enfin donné lui-même le signal de la liberté, en arborant l'éten-
48 Tenu en 781 [787].
49 En 1545.