<239> vers l'erreur est inconcevable. Luther, qui ne croyait point au purgatoire, admettait les revenants et les démons dans son système; il soutint même que Satan lui apparut à Wittenberg, et qu'il l'exorcisa en lui jetant un cornet d'encre à la tête. Il n'y avait alors presque aucune nation qui ne fût imbue de pareils préjugés; la cour et à plus forte raison le peuple, avaient l'esprit rempli de sortiléges, de divinations, de revenants et de démons. En 1553, deux vieilles femmes passèrent par l'épreuve du feu, pour se purger de l'accusation de sorcellerie. La cour avait son astrologue; l'un prédit à la naissance de Jean-Sigismond, que ce prince serait heureux, à cause qu'au même temps on avait découvert au ciel une étoile nouvelle dans la constellation de Cassiopée; l'astrologue n'avait pas prédit cependant que Jean-Sigismond se ferait réformé pour gagner les Hollandais,a dont les secours lui devinrent utiles dans la poursuite de ses droits sur le duché de Clèves.
Depuis que le schisme de Luther divisait l'Église, les papes et les empereurs firent toute sorte d'efforts pour amener les esprits à la réunion. Les théologiens des deux partis tinrent des conférences tantôt à Thorn,b tantôt à Augsbourg;c on agitait les matières de religion à toutes les diètes de l'Empire; mais toutes ces tentatives furent inutiles : il s'ensuivit enfin une guerre cruelle et sanglante, qui s'apaisa et se ranima à différentes reprises. L'ambition des empereurs, qui voulaient opprimer la liberté des princes et la conscience des peuples, l'alluma souvent; mais la rivalité de la France et l'ambition de Gustave-Adolphe, roi de Suède, sauvèrent l'Allemagne et la religion du despotisme de la maison d'Autriche.
Les électeurs de Brandebourg se conduisirent dans ces troubles avec sagesse : ils furent modérés et tolérants. Frédéric-Guillaume,
a Hartknoch, Preussische Kirchen-Historie, p. 524.
b En 1645.
c En 1548.