<255> rendit à Varsovie : il eut à sa suite trente-six carrosses à six chevaux, outre un cortége de quatre-vingts chevaux de main. L'ambassade qui se rendit à la diète de l'Empire pour l'élection de l'empereur Matthias, eut trois carrosses avec elle; c'étaient de mauvais coches, composés de quatre ais grossièrement joints ensemble. Qui eût dit alors que cet art se perfectionnerait dans le XVIIIe siècle, au point qu'on ferait des carrosses pour vingt mille écus, et qu'ils trouveraient des acheteurs?

Les efforts que le Brandebourg et l'Allemagne faisaient pour se civiliser, n'étaient pas tout à fait inutiles : le nombre des universités augmentait; celle de Halle fut fondée alors. En même tempsa se forma à Dessau une académie pour la langue allemande, sous le nom de Société fructifiante, qui aurait pu devenir utile, d'autant plus que la langue allemande, divisée en une infinité de dialectes, manque de règles assez sûres pour en fixer l'usage véritable; que nous n'avons aucun livre classique; et que s'il nous reste encore quelque chose de notre ancienne liberté républicaine, c'est le stérile avantage d'estropier selon notre fantaisie une langue grossière et presque encore barbare.

Ces beaux établissements, qui nous auraient peut-être avancés d'un siècle, étaient encore à peine ébauchés lorsque la guerre de trente ans survint, qui détruisit et bouleversa toute l'Allemagne.

Les états jouissaient sous la régence de Jean-Sigismond d'une grande autorité.

Sous George-Guillaume, le comte de Schwartzenberg diminua le pouvoir de ces états, dont cependant ils n'avaient jamais abusé. Enfin, dans le cours de cette cruelle guerre, l'année 1636 fut la plus malheureuse pour cet électorat : les Suédois étaient à Werben, les Impériaux à Magdebourg et à Rathenow, Wrangel à Stettin, Morosini dans la Nouvelle-Marche, quand trente-six mille Autrichiens traver-


a L'université de Halle ne fut fondée qu'en 1694, et la Société fructifiante (Die fruchtbringende Gesellschaft) se forma à Weimar en 1617.