<43> ligue de Lauenbourg, et qu'enfin il n'était point permis à une ville anséatique, comme Stralsund, de faire d'autres traités avec les rois et princes étrangers, que relativement à son commerce.
A bien considérer les raisons de Gustave, elles ne valaient pas mieux que celles que Charles II d'Angleterre employa pour chercher querelle aux Hollandais; les voici en peu de mots : le roi se plaignait que les sieurs de Witt avaient dans leur maison un tableau scandaleux.13 Faut-il que des sujets aussi frivoles arment des nations les unes contre les autres, causent la ruine des plus florissantes provinces, et que l'espèce humaine répande son sang et prodigue sa vie, pour contenter l'ambition et le caprice d'un seul homme?
Pendant que les Suédois faisaient des préparatifs pour venir fondre sur l'Allemagne, Wallenstein qui s'était établi dans l'électorat de Brandebourg, en tirait des sommes exorbitantes. Il était bien singulier que les Impériaux traitassent avec cette dureté excessive un pays ami, dont le prince n'avait donné aucun sujet de plainte à l'Empereur. La situation déplorable dans laquelle se trouvait George-Guillaume, paraît rendue avec bien de la vérité dans une réponse qu'il fit à Ferdinand II, sur ce qu'il l'avait invité de se rendre à la diète de Ratisbonne; il y dit : « L'épuisement de la Marche me met hors d'état de fournir à mes dépenses ordinaires et, à plus forte raison, à celles d'un pareil voyage. »
Les auteurs rapportent que les régiments de Pappenheim et de Saint-Julien qui avaient leurs quartiers dans la Moyenne-Marche, en tirèrent trois cent mille écus en seize mois. Le marc d'argent était alors à neuf écus; il est à présent à douze : moyennant quoi, cette somme ferait quatre cent mille écus de notre monnaie. Ces auteurs assurent de même que Wallenstein tira de l'Électorat la somme de vingt millions de florins, qu'on peut évaluer à dix-sept millions,
13 Ce tableau représentait une bataille navale, que Jean de Witt, général-amiral, avait gagnée sur les Anglais.