<55>La manière dont on faisait la guerre alors, était différente de celle dont on la fait à présent : les princes ne faisaient que rarement de grands efforts pour lever des troupes; ils entretenaient, en temps de guerre, une ou, selon leur puissance, plusieurs armées; le nombre de chacune ne passait pas d'ordinaire vingt-quatre mille hommes; ces troupes vivaient du pays où elles étaient employées; elles cantonnaient ordinairement, et ne campaient que lorsqu'elles voulaient donner bataille, ce qui leur rendait les subsistances faciles. Lorsque l'Empereur ou le roi de Suède voulaient exécuter quelque grand projet, ils joignaient deux armées, au moyen desquelles ils gagnaient la supériorité. Les généraux dont les corps étaient les plus faibles, ayant comparé les forces des ennemis avec les leurs, se retiraient sans combattre; et comme ils vivaient également partout à discrétion, il leur était indifférent d'abandonner un pays, parce qu'ils en trouvaient toujours un autre à piller. Cette méthode prolongeait la guerre, ne décidait rien, consommait plus de monde par sa durée que celles d'à présent; et la rapine et le brigandage des troupes dévastaient totalement les provinces qui servaient de théâtre de guerre aux armées.
Baner remporte une victoire, à Wittstock, sur les Impériaux et les Saxons : les Suédois reprennent tout d'un coup la supériorité; les troupes battues et fugitives ne s'arrêtent qu'à Leipzig. Les Suédois inondent la Marche de nouveau; Wrangel entre à Berlin, et y met cinq compagnies en garnison; après quoi il redemande à l'Électeur ses forteresses. George-Guillaume, qui s'était retiré à Peitz, lui répondit qu'il s'abandonnait à la discrétion des Suédois, mais que les Impériaux étaient maîtres de ses places, et qu'il n'en pouvait pas disposer. Wrangel prit ses quartiers, et hiverna dans la Nouvelle-Marche.
Dans ce temps mourut Ferdinand II, ce fier oppresseur de l'Allemagne. Son fils Ferdinand III, qu'il avait fait élire roi des Romains,