<56> lui succéda, comme si ce trône avait été héréditaire. Bogislas, dont la famille avait possédé le duché de Poméranie pendant sept cents ans, mourut de même pendant ces troubles, et avec lui s'éteignit toute sa maison. Les armées suédoises, maîtresses de la Poméranie et des États du Brandebourg même, empêchèrent l'Électeur de faire valoir ses droits sur ce duché; il se contenta d'envoyer un trompette aux états de la Poméranie, pour leur ordonner de traiter les Suédois comme des ennemis. Cette ambassade singulière n'eut aucun effet; sans doute que l'Électeur se servit d'un trompette, à cause qu'il crut qu'il passerait plus facilement qu'un homme de condition à travers les troupes suédoises.
Cependant les Impériaux, sous les ordres de Hatzfeld et de Morosini, chassèrent Baner de la Saxe, le poussèrent au delà de Schwedt, et reprirent Landsberg. Klitzing, à la tête des Saxons, nettoya en même temps la Marche et les bords de la Havel, et délivra ce pays des Suédois. La guerre, qui voyageait d'une province à l'autre, se transporta de nouveau en Poméranie, où les Impériaux furent joints par trois mille Hongrois. La Poméranie eut le sort des Marches : exposée aux mêmes brigandages, elle fut prise, reprise, brûlée et ruinée.
Alors la fatalité voulut que les Suédois reçurent de puissants secours; ce qui leur donna le moyen de contraindre les Impériaux à fuir devant eux jusqu'en Bohême. Mais quelques revers qu'éprouvassent les troupes autrichiennes, rien ne fut capable de détacher les électeurs de Brandebourg et de Saxe de l'alliance qu'ils avaient faite avec l'Empereur.
Les Suédois parurent pour la quatrième fois devant les portes de Berlin, et quatre cents Brandebourgeois évacuèrent la ville à leur approche. L'Électeur, pour se venger des maux que les Suédois faisaient souffrir à l'Électorat, projeta une diversion : quatre mille Prussiens entrèrent en Livonie, et y firent quelques ravages; mais