<65> Berg; sur quoi Frédéric-Guillaume se déclara leur protecteur, et envoya son général Sparr avec quelques troupes sur le territoire du Duc, lui faisant en même temps proposer un accommodement par la médiation des Hollandais.

Charles IV, duc de Lorraine, prince errant et vagabond, chassé de ses États par la France, et qui avec un petit corps de troupes menait plutôt la vie d'un Tartare que d'un souverain, vint dans ces entrefaites au secours du duc de Neubourg. Son arrivée pensa faire évanouir les dispositions pacifiques des deux partis; on s'accorda cependant : quant à l'ordre des possessions, on s'en tint au traité de Westphalie;17 et, quant à la liberté de conscience, à ceux qu'on avait faits depuis l'année 1612 jusqu'à l'année 1647.

Dans ces temps, il arriva en Suède un événement dont la singularité attira les yeux de toute l'Europe : la reine Christine abdiqua la couronne de Suède, en faveur de son cousin Charles-Gustave, prince de Deux-Ponts. Les politiques, qui n'ont l'esprit rempli que d'intérêt et d'ambition, condamnèrent beaucoup cette reine; les courtisans, qui cherchent des finesses partout, débitaient que l'aversion qu'elle avait pour Charles-Gustave, qu'on lui voulait faire épouser, avait poussé cette princesse à quitter la souveraineté; les savants la louèrent trop de ce qu'elle avait renoncé aux grandeurs par amour de la philosophie : si elle avait été véritablement philosophe, elle ne se serait point souillée du meurtre de Monaldeschi, et elle n'aurait point regretté, comme elle le fit à Rome, les grandeurs qu'elle avait quittées. Aux yeux des sages la conduite de cette reine ne parut que bizarre; elle ne méritait ni louange ni blâme d'avoir quitté le trône : une action pareille n'acquiert de grandeur que par l'importance des motifs qui la font résoudre, par les circonstances qui l'accompagnent, et par la magnanimité dont elle est soutenue.


17 Les duchés de Clèves, de la Mark et de Ravensberg échurent à l'Électeur; Juliers, Berg et Ravenstein, au Duc.