<67> dans ses résolutions, légère dans ses engagements, prête à faire la guerre sans en avoir préparé les moyens, épuisée par la rapine des grands et mal obéie par ses troupes, répondit qu'il ne pouvait pas se charger des malheurs qu'il appréhendait, ni sacrifier le bien de ses provinces pour sauver cette république, qui payerait ses services d'ingratitude.
Afin d'assurer la tranquillité de ses États à la veille d'une guerre prête à s'allumer, il fit avec les Hollandais une alliance défensive, qui devait durer huit ans; il rechercha l'amitié de Cromwell, cet usurpateur heureux qui, sous le titre de protecteur de sa patrie, y exerçait un despotisme absolu; il essaya de se lier avec Louis XIV, qui, depuis la paix de Westphalie, était devenu l'arbitre de l'Europe; il flatta de même la hauteur de Ferdinand III, afin de l'engager dans ses intérêts : mais il ne reçut en réponse que de ces vaines paroles dont la politesse des ministres assaisonne l'âpreté des refus; Ferdinand III augmenta ses troupes, et l'Électeur suivit son exemple.
Les soupçons que l'Électeur avait eus des desseins de la Suède, ne tardèrent pas à se confirmer : un corps de Suédois, commandé par le général de Wittenberg, traversa la Nouvelle-Marche sans en avoir fait la réquisition, et marcha vers les frontières de la Pologne : à peine Stenbock attaqua-t-il ce royaume, que deux palatinats de la Haute-Pologne se rendirent à lui.
Comme tout l'effort de la guerre se portait du côté des frontières de la Prusse, l'Électeur y marcha à la tête de ses troupes, afin d'être plus à portée de prendre des mesures, et de les exécuter avec promptitude. Il conclut à Marienbourg une alliance défensive avec les états de la Prusse polonaise, qui roula sur un secours mutuel de quatre mille hommes que se promettaient les parties confédérées, et sur l'entretien des garnisons brandebourgeoises dans Marienbourg, Graudenz et quelques autres villes.
Les Suédois n'étaient pas alors les seuls ennemis de la Pologne :