<79> étonnement un souverain qui préférait les sentiments de l'amitié et de la reconnaissance aux amorces de l'intérêt et aux appas de l'ambition.
Il se forma bientôt une ligue pour le soutien des Provinces-Unies : l'électeur de Brandebourg et celui de Cologne, l'évêque de Münster et le duc de Neubourg, signèrent ce traité à Bielefeld; mais à peine cet engagement fut-il pris, que l'électeur de Cologne et le duc de Neubourga passèrent dans le parti contraire.
La Hollande, attaquée par la France en 1672, harcelée en même temps par l'électeur de Cologne et l'évêque de Münster, était dans une situation à n'oser attendre des secours de la générosité de ses alliés. Les malheureux font une expérience certaine du cœur humain : le déclin de leur fortune est comme un thermomètre qui indique en même temps le refroidissement de leurs amis. Leurs provinces étaient conquises par Louis XIV; leurs troupes, intimidées et fugitives, et la ville d'Amsterdam, sur le point d'être prise : dans cet état, comment osaient-elles espérer qu'un prince eût l'âme assez magnanime pour affronter les hasards que cette république avait à craindre pour elle et pour ses défenseurs, en s'opposant au monarque le plus puissant et le plus heureux de l'Europe, dans le cours triomphant de ses prospérités? Cependant ce défenseur se trouva; et Frédéric-Guillaume eut l'âme assez grande pour conclure une alliance avec cette république, lorsque toute l'Europe comptait la voir submergée par les flots, sur lesquels elle avait régné avec un empire si absolu. Il s'engagea de fournir un corps de vingt mille hommes, dont la moitié devait être à la paye de la République; l'Électeur et la Hollande se promirent de plus de ne point faire de paix séparée avec leurs ennemis. Peu de temps après, l'empereur Léopold accéda à cette alliance.
Cependant les succès rapides de Louis XIV avaient fait changer la forme du gouvernement de Hollande : le peuple, que la calamité
a L'évêque de Münster.