<X> les libraires se crurent obligés de protester contre la prétendue malveillance qui avait répandu le bruit que ces écrits avaient subi des altérations considérables. Ils rappelèrent, à l'appui de leur défense, l'assurance solennelle donnée dans une assemblée publique de l'Académie des Sciences, par le ministre d'État comte de Hertzberg, « qui a présidé à la révision de l'ouvrage, » que les précieux manuscrits seraient imprimés « sans aucun changement ni retranchement essentiel. » Ils déclarèrent que les négligences mêmes seraient religieusement respectées; bien plus, ils promirent qu'aussitôt l'impression terminée, les manuscrits seraient déposés à la Bibliothèque royale, afin que chacun pût en prendre connaissance; mais cette promesse fut illusoire comme la précédente, et nous ne saurions dire ce qu'ils sont devenus : le comte de Hertzberg avait retenu obstinément ceux des grands ouvrages historiques, et il ne les rendit aux archives royales du Cabinet qu'en février 1795, peu de mois avant sa mort.
Cette édition, toute défectueuse qu'elle était, fut cependant accueillie avec tant d'enthousiasme, que la compagnie des libraires éditeurs paraît avoir été obligée de réimprimer les Œuvres posthumes la même année (1788), avant que la première publication eût été tout à fait achevée. Cette réimpression diffère de l'édition originale en ce qu'on y adopta un autre principe de correction, et qu'on y observa de nouveaux ménagements politiques; elle s'en distingue en outre par une légère différence dans l'indication du lieu d'impression, qui est simplement Berlin, tandis que la première porte A Berlin. Les connaisseurs préfèreront l'édition « A Berlin » à celle « Berlin; » mais dans le moment même de la publication, toutes les deux se répandirent rapidement et sans distinction par toute l'Europe; et des critiques éminents, tels que Jean de Müller et le baron de Spittler, en exprimèrent leur reconnaissance et leur admiration dans un langage digne du royal auteur, et de la science, dont ils étaient les interprètes; mais ces savants n'oublièrent pas de blâmer