<XII>Les protestations énergiques de Jean de Müller et de Gibbon, avaient trouvé de l'écho, et il n'y eut depuis qu'une voix sur la nécessité de publier enfin les Œuvres de Frédéric le Grand d'une manière digne de lui et de ses arrière-neveux.
Ce désir sembla augmenter encore par l'approche de l'anniversaire séculaire de l'avénement de Frédéric au trône; et un ouvrage composé à cette occasion, Friedrich der Grosse als Schriftsteller, Vorarbeit zu einer echten und vollständigen Ausgabe seiner Werke, par J.-D.-E. Preuss, dont Sa Majesté Frédéric-Guillaume IV, alors prince royal, daigna accepter la dédicace, appela sur cet objet l'attention de l'Académie royale des Sciences.
Diverses critiques, celle surtout de M. Varnhagen d'Ense, à la fois si bienveillante et si patriotique, signalèrent l'importance de ce projet, et des amis éclairés du pays appuyèrent de leur autorité cet appel aux sentiments généreux des chefs de la nation. Le digne ministre du Culte et de l'Instruction publique, dont nous eûmes bientôt à déplorer la perte, et avec lui, le ministre d'État Ancillon, le grand chancelier de Beyme, et quelques personnes encore vivantes, se distinguèrent par l'empressement avec lequel ils accueillirent cette proposition. Ce fut alors que Frédéric-Guillaume III, dont le grand cœur comprenait si bien toutes les questions d'honneur national, donna ordre de publier les Œuvres historiques de son grand-oncle : le projet complet de cette entreprise fut le dernier travail que le baron d'Altenstein mourant présenta à son roi.
Mais il ne fut accordé à Frédéric-Guillaume III que de poser les premières pierres des monuments qu'il voulait élever à la mémoire de Frédéric le Grand; et c'est à son fils, l'héritier de son trône, de ses vertus et de ses nobles projets, qu'a été laissée la gloire de les achever. Le nouveau roi chargea l'Académie des Sciences de la publication des Œuvres complètes et authentiques de Frédéric le Grand, et mit libéralement à sa disposition tous les fonds nécessaires.