<XLVI> apprennent la connexion que les choses présentes ont avec les choses passées; ils trouvent dans l'histoire l'éloge de ceux qui ont bien servi leur patrie, et combien sont en abomination les noms de ceux qui ont abusé de la confiance de leurs citoyens; ils acquièrent une expérience prématurée. Rétrécir et borner la sphère de ses idées au lieu qu'on habite, restreindre ses connaissances à ses devoirs privés, c'est s'abrutir dans l'ignorance la plus grossière. Pénétrer dans les temps qui nous ont précédés, embrasser le monde entier avec toute l'étendue de son esprit, c'est faire réellement des conquêtes sur l'ignorance et sur l'erreur; c'est avoir vécu dans tous les siècles, et devenir en effet citoyen de tous les lieux et de tous les pays.
Comme les histoires universelles servent à nous orienter dans cette multitude de faits qui sont arrivés dans tous les pays; que, de l'antiquité la plus reculée, elles nous conduisent avec ordre par la succession des temps, en marquant de certaines époques principales qui servent de points d'appui à la mémoire : de même les histoires particulières ont leur utilité, en ce qu'elles détaillent les suites des événements qui se sont passés dans un empire, en se bornant à cet objet unique. Les histoires universelles nous présentent un grand tableau rempli d'un nombre prodigieux de figures, dont de fortes ombres en couvrent quelques-unes trop peu distinctes pour qu'on les remarque : les histoires particulières tirent une figure de ce tableau; elles la peignent en grand; elles l'avantagent des effets