<XXIII> cœur et d'esprit du Roi, et qu'à son insu il se peint lui-même le plus fidèlement; aussi sa Correspondance forme-t-elle une des parties les plus importantes de ses Œuvres : nous nous estimons donc heureux de pouvoir la donner plus complète que ne l'ont fait nos prédécesseurs. La direction des archives secrètes du Cabinet n'a pas été autorisée à nous livrer toute la correspondance de famille; mais elle a enrichi considérablement les autres, et surtout la collection des lettres au marquis d'Argens et à M. et Mme de Camas; elle nous a aussi communiqué les lettres au comte de Hoditz, jusqu'ici inconnues, et la correspondance complète de Frédéric avec son père, en langue allemande. Nous avons acheté plusieurs lettres importantes; d'autres sont dues à la générosité des particuliers ou des gouvernements qui les possédaient. L'excellente édition des Œuvres de Voltaire par M. Beuchot, nous a été d'un grand secours dans la correspondance du Roi avec Voltaire, surtout pour les lettres de ce dernier. Nous avons également mis à profit la Correspondance de Frédéric II, roi de Prusse, avec le comte Algarotti, publiée en 1799 par M. Oglievi, en Italie, sous l'anonyme et sans indication du lieu d'impression; elle a été toutefois soigneusement vérifiée, et en partie augmentée, au moyen des copies de treize lettres, que M. Frédéric de Raumer a faites sur les autographes conservés à la Bibliothèque royale de Turin.
Nous rangeons parmi les lettres écrites à des amis ou à des parents, celles adressées par le Roi à des généraux de son armée auxquels l'attachaient les liens de l'amitié ou du sang, tels que le prince Henri, le duc Ferdinand de Brunswic, le feld-maréchal Keith, le baron de La Motte Fouqué, bien que ces correspondances aient roulé en partie sur les affaires de la guerre; mais le ton qui règne dans ces lettres indique assez la place qu'on devait leur assigner. A l'égard des correspondances avec la célèbre duchesse Louise-Dorothée de Saxe-Gotha, avec le stadhouder Guillaume V d'Orange, et Gustave III de Suède, tous deux neveux du Roi, bien qu'on n'y puisse méconnaître une