JOACHIM-FRÉDÉRIC.
Joachim-Frédéric avait cinquante-deux ans lorsqu'il parvint à la régence. Pendant la vie de son père il jouissait des évêchés de Magdebourg, de Havelberg et de Lebus; lorsqu'il succéda à Jean-George, il se démit de l'archevêché de Magdebourg, en faveur d'un de ses fils, nommé Christian-Guillaume. Il administra la Prusse pendant la démence du duc Albert-Frédéric. Il recueillit la succession du duché de Jägerndorf, qu'il céda à un de ses fils, nommé Jean-George, pour le dédommager de l'évêché de Strasbourg, auquel il avait été obligé de renoncer. Dans ces temps-là, les successions se réunissaient souvent, et se divisaient de même; la mauvaise politique de ces princes rendait le travail que la fortune faisait pour l'agrandissement de leur maison, ingrat et inutile.
Joachim-Frédéric fut le premier prince qui établit un conseil d'État. Il reste à juger quelle devait avoir été l'administration du gouvernement, la justice et la conduite des finances dans ce pays grossier et sauvage, où il n'y avait pas même des personnes préposées pour vaquer à ces emplois.
L'Électeur s'aperçut sans doute de la nécessité qu'il y avait de pourvoir à l'éducation de la jeunesse; car ce fut à cette intention<28> qu'il fonda le collége de Joachimsthal. Cent vingt personnes y sont élevées, nourries et instruites, selon l'institution, dans les belleslettres. Le Grand Électeur transféra depuis ce collége à Berlin. La pauvreté du pays et le peu d'espèces qui roulaient, donnèrent lieu aux lois somptuaires que l'Électeur fit publier. Il mourut l'année 1608, âgé de soixante-trois ans.