<251>Et qu'ils font la curée au milieu des marais,
Au lieu d'être affecté par les mêmes attraits,
Vous poursuivez chez vous une bizarre rime,
Un mot que votre sens exige, et qui l'exprime?
Ah! quel étrange esprit le ciel m'a-t-il donné,
Si contraire à nos mœurs, si mal morigéné,
Qui, par bizarrerie à sa grandeur rebelle,
Prétend s'ouvrir tout seul une route nouvelle!
Oui, vous me soutenez : « Que s'il fallait toujours
Vous occuper de riens, grand ouvrage des cours,
Vous quitteriez plutôt grandeur, sceptre, patrie,
Et des rois empesés la lourde confrérie; »
Enfin, vous ajoutez : « Que vos savants écrits
Mériteraient l'estime au lieu des vains mépris
D'un peuple plein d'erreur, d'un vulgaire imbécile,
Qui juge en vrai Midas, et prononce en Zoïle. »
J'en conviens, mon esprit, mais n'allez pas choquer
Des usages reçus, qu'on risque d'attaquer;
Je vous rends simplement, sans être satirique,
Tous les bruits que sur vous répand la voix publique.
On se moque surtout du peu de gravité
Dont vous assaisonnez l'auguste royauté;
Il est sur vos défauts plus d'un Caton qui veille,
Et j'entends très-souvent qu'on se dit à l'oreille :
« N'avons-nous pas, amis, un bien plaisant consul? »
Mais vous comptez toujours suivant votre calcul :
« Ces censeurs, dites-vous, sont aisés à confondre;
Et voilà de ma part ce qu'on peut leur répondre :
Ivre de mes plaisirs, ai-je comme un ingrat
Négligé mes devoirs, sacrifié l'État?
M'a-t-on vu du public tromper les espérances,