<263>Gouvernez de ma voix la sauvage rudesse,
Rendez d'un vieux soldat les chants mélodieux,
Accordez ma trompette au luth harmonieux.
J'entreprends de placer, par une heureuse audace,
Le dieu de la victoire au sommet du Parnasse,
Je veux armer vos fronts de casques menaçants;
Ma main ne peindra point les transports des amants,
Leurs peines, leurs plaisirs, leurs larcins, leurs caresses,
Ni des cœurs des héros les indignes faiblesses.
Que le chantre du Pont, dans ses douces erreurs,
Vante le dieu charmant qui causa ses malheurs,
Qu'à ses flatteurs accents les Grâces soient sensibles :
Je ne vous offrirai que des objets terribles,
Vulcain, qui, sous l'Etna, par ses brûlants travaux,
Forge à coups redoublés les foudres des héros,
Ces foudres redoutés entre des mains habiles,
Qui tantôt font tomber les fiers remparts des villes,
Tantôt percent les rangs dans l'horreur des combats,
Et font dans tous les temps le destin des États.
Je peindrai les effets de cette arme cruelle
Qu'inventa dans Bayonne une fureur nouvelle,
Qui, du fer et du feu réunissant l'effort,
Aux yeux épouvantés offre une double mort.a
Au sein de la mêlée, au milieu du carnage,
On verra des héros le tranquille courage
Réparer le désordre, et, prompt dans ses desseins.
Disposer, ordonner, enchaîner les destins.
a Imitation de la Henriade, chant VIII, vers 165-168 :
Cette arme que jadis, pour dépeupler la terre.
Dans Bayonne inventa le démon de la guerre,
Rassemble en même temps, digne fruit de l'enfer,
Ce qu'ont de plus terrible et la flamme et le fer.