<283>Où Mars règle à son gré le sort du genre humain,
Placés dans l'entre-deux de colonnes d'airain,
On peut des fils du dieu distinguer les statues,
Foulant les nations que leurs mains ont vaincues.
Là sont ces deux héros tant de fois comparés,
Montés au premier rang par différents degrés :
Le vainqueur des Persans, le vainqueur de Pompée;
La terre de leur nom est encore occupée.
Là paraît Miltiade, Alcibiade,
Cimon, Paul-Emile, Quintus Fabius, Scipion;
Plus loin, le grand Henri, Condé, Villars, Turenne;
Là, Montécuculi, de Bade, Anhalt, Eugène,
L'heureux Gustave-Adolphe et le Grand Électeur.
Là, sortant fraîchement de la main du sculpteur,
On voit une statue élégante et nouvelle;
Son front est ombragé d'une palme immortelle :
C'est ce fameux Saxon, le héros des Français,
Que la mort dans son lit abattit de ses traits.a
Venez, jeunes guerriers, voici l'Expérience :
Par d'immenses travaux elle acquit la science;
Son front est ombragé de cheveux blanchissants,
Ses membres recourbés sentent le poids des ans,
Son corps cicatrisé, tout couvert de blessures,
Du temps qui nous détruit affronte les injures.
Présente à tous les faits, présente à tous les lieux,
Elle instruit les esprits de ce qu'ont vu ses yeux;
Elle vous fera voir, dans la guerre punique,
Par quel coup Scipion sauva Rome en Afrique,
A Carthage effrayée attirant Annibal,
Le força de combattre en son pays natal;
a Voyez ci-dessus, p. 226.