<301>Veulent des successeurs et des cœurs dignes d'elles;
Dans de nouveaux soldats cherchez un prompt secours.
Le vulgaire imbécile à vil prix vend ses jours;
Ainsi que le poisson de nourriture avide
Est pris par le pêcheur à l'hameçon perfide,
De même, par l'appât d'un métal suborneur,
On tire de son champ l'indigent laboureur;
Du roi qu'il va servir il ignore l'outrage,
Mais bientôt de la troupe où son destin l'engage
La fière discipline et le courage altier
Font un brave soldat d'un paysan grossier.
Souvent dans l'action le nombre seul décide,
Votre force peut rendre un ennemi timide.
Rassemblez avec soin de rapides coursiers;
Il faut qu'ils soient choisis, ainsi que vos guerriers,
Dans la fleur de leurs ans, vigoureux et dociles.
Préparez avec soin tous ces amas utiles
Que Cérès à vos soins s'empresse à présenter;
L'art de vaincre est perdu sans l'art de subsister.a
Ce camp, ce peuple entier, à votre loi fidèle,
Par une maladie à la longue mortelle
Se sent deux fois par jour vivement assaillir;
S'il manque de secours, on le voit défaillir.
Les fils de Galien y perdraient leur science,
Il faut pour les guérir maintenir l'abondance,
Ou, si vous négligez ces devoirs importants,
Vous verrez arriver au milieu de vos camps,
Du fond de ses rochers et de son antre aride,
Ce monstre décharné, la Faim pâle et livide.
Il amène avec lui les maux contagieux,


a Voyez t. III, p. 85, t. VII, p. 18, et le Palladion, ch. I, v. 430-432.