<302>Le découragement aux cris séditieux,a
La faiblesse, la peur, la misère effroyable,
Le sombre désespoir, la mort inexorable;
Et dans ce camp désert, peuplé par des mourants,
Combattrez-vous tout seul des ennemis puissants?
Prévenez ce malheur, arrangez-vous d'avance,
Dans vos camps, par vos soins, amenez l'abondance,
Et préparez ainsi, dans les bras du repos,
Pour vos futurs exploits des triomphes nouveaux.
Tandis que s'arrangeant pour la naissante année.
Le chef par ses travaux règle sa destinée,
L'officier généreux, tranquille en ses quartiers,
Dans le sein de la paix joint le myrte aux lauriers.
Sa fidèle moitié, pleine d'impatience,
Oublie entre ses bras les malheurs de l'absence;
O jours, ô doux moments par la crainte achetés!
Après tant de soupirs que l'amour a coûtés,
Quel plaisir de revoir à l'abri des alarmes
L'époux qui fit couler et qui tarit ces larmes,
D'entendre ses exploits, de désarmer ses bras,
Les vengeurs de leur roi, la gloire des combats,
D'attendrir ce grand cœur aux dangers insensible,
De baiser tendrement cette bouche terrible
Qui hâtait des soldats le redoutable effort,
Qui par ses fiers accents précipitait la mort!
Tandis que sur le sein de sa fidèle amante
Se penche du héros la tête triomphante,
Bénissant ses exploits, joyeux de son retour,
On voit autour de lui les fruits de son amour.
L'un baise avec transport ses mains victorieuses,
a Le découragement, les cris séditieux. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 417.)