<305>Soldat laborieux, il vainquit ces obstacles :
L'audace des héros opère des miracles;
Il arrive, il descend par de nouveaux chemins,
Étonne, attaque et bat les généraux romains.
Vendôme s'assurait sur l'appui des montagnes
Qui bordent des Lombards les fertiles campagnes,
Quand, suivant des chemins inconnus jusqu'alors,
Eugène de l'Adige osa franchir les bords,
Et, non moins vigilant que hardi capitaine,
Brisa le joug honteux qu'au Pô donna la Seine.
Remarquez ces torrents dans ces tristes saisons :
Le froid les a changés en des ponts de glaçons;
L'ennemi, quelque jour, plein d'une noble audace,
Pour forcer vos quartiers en franchira l'espace;
Alors, surpris, confus, séparé, consterné,
Malgré vous dans la fuite avec honte entraîné,
Un seul moment fatal à vous, à votre armée,
Ravira vos succès et votre renommée.
Rien de plus dangereux qu'un quartier enlevé :
Ce n'est point pour le mal qui vous est arrivé,
Mais votre troupe alors, interdite et rebelle,
Perd son respect pour vous, sa confiance en elle;
L'abattement succède au désir des combats,
Tout est découragé, le chef et les soldats;
Cet échec après soi traîne de longues suites,
Et l'ennemi vous perd, s'il hâte ses poursuites.
Bournonville, battu, mais fier de ses renforts,
Du Rhin majestueux passa les larges bords;
Devant lui les Français, sous les lois de Turenne,
Gagnaient en reculant les monts de la Lorraine;
Sans consulter son art, sans craindre des revers,