<306>Le Germain se sépare avant les froids hivers,
Il divise ses corps, il cantonne en Alsace,
Il hâte par ses mains le sort qui le menace.
Tandis qu'il est flatté par la sécurité,
Que l'aigle des Césars s'endort en sûreté,
Turenne se rassemble au revers des montagnes,
Il les passe, il paraît, il fond dans les campagnes,
Tombe sur Bournonville, enlève ses quartiers,
De ses soldats épars il fait des prisonniers,
Et force le Germain, par cette rude épreuve,
A passer en courant vers l'autre bord du fleuve.a
L'hiver peut procurer de rapides succès,
La saison du repos peut hâter vos progrès;
Qu'assemblé par l'audace et par la vigilance,
Vers des corps séparés un corps nombreux s'avance :
Dès qu'il les a surpris, l'ennemi confondu
Le rend victorieux sans avoir combattu.
Que la rapidité se joigne à la conduite,
Dissipez l'ennemi, précipitez sa fuite :
Nos fastes vous diront qu'en tous lieux, en tout temps,
Le destin seconda les chefs entreprenants.
Tel parut aux Saxons ce conquérant rapide
Qui couvrait Stanislas de sa puissante égide :
Lorsque s'abandonnant à ses tendres désirs,
Auguste de Vénus partageait les plaisirs
Avec le tendre cœur de sa jeune maîtresse,
Se couronnait de pampre, et, rempli d'allégresse,
Oubliait son devoir, la Pologne et son camp,26
L'Alexandre du Nord l'assaillit à l'instant,
26 Affaire de Pintschow. [Ou de Clissow, en 1702.]
a Voyez t. I, p. 83-85.