<31>Modérez la rigueur d'un pouvoir arbitraire;
Ces humains sont vos fils, ayez un cœur de père :
Ces glaives enfoncés dans leur malheureux flanc
Sont teints de votre propre sang.
Tel qu'un pasteur prudent, à son devoir fidèle,
Défend et garantit son troupeau bien-aimé
Contre la dent du loup et la griffe cruelle
Du lion par la faim au carnage animé;
Quand le tyran des bois s'échappe et prend la fuite,
Son troupeau se repose et paît sous sa conduite,
Et s'il trait ses brebis, s'il les tond dans ses bras,
Sa main ne les égorge pas :
Tel est pour ses sujets un tendre et bon monarque :
Humain dans ses conseils, humain dans ses projets,
Il allonge pour eux la trame de la Parque,
Il compte tous ses jours par autant de bienfaits;
Ce n'est point de leur sang qu'il achète la gloire.
Il laisse à ses vertus le soin de sa mémoire;
Tels furent ces héros, Titus, Marc-Antonin,
Les délices du genre humain.
Abhorrez à jamais ces guerres intestines;
L'ambition fatale allume ce flambeau,
De l'univers entier vous faites des ruines,
Et la terre se change en un vaste tombeau.
Quelle scène tragique étale ce théâtre?
L'Europe, à ses enfants trop cruelle marâtre,
De l'Asie étonnée arme le puissant bras
Pour les dévouer au trépas.