<34>Les cris des orphelins, les veuves éplorées
Demandent tristement aux lointaines contrées
Les auteurs de leurs jours ou leurs époux péris;
Ah! familles trop tendres,
Il n'est plus que les cendres
De vos parents chéris.
Dans son épuisement l'Europe frénétique
Sentit de ses transports la folie héroïque,
Et sa faiblesse enfin ralentit ses fureurs,
Désarma la vengeance,
Réprima l'insolence
De ses fiers oppresseurs.
La Paix, du haut des cieux, de Bellone vengée,
Vint planter sur ces bords l'olive négligée,
Sous cent verrous de bronze elle enferma Janus,
Ramenant sur ces rives
Les Muses fugitives,
Qu'on ne connaissait plus.
C'est toi, fille du ciel, dont la douce puissance
Ramène les plaisirs, les arts et l'abondance,
Qu'exilait loin de nous l'impitoyable Mars;
Le peuple qui respire
Sous ton heureux empire
Ne craint plus les hasards.
Mais déjà sous l'Etna l'audacieux Typhée
Sent renaître en son sein sa fureur étouffée,
Il veut rompre les fers qui causent son tourment;
De son terrible gouffre
Le bitume et le soufre
Coulent comme un torrent.