<70>Les dieux, pour nous marquer leur clémence infinie,a
Ayant pitié des maux des fragiles humains,
Leur ont prêté l'appui de deux êtres divins :
L'un, c'est le doux sommeil, l'autre, c'est l'espérance.
Mais de ces mêmes dieux la puissante assistance
Pour les sages exprès fit un consolateur,
Pallas nous amena ce secours enchanteur;
C'est l'étude, en un mot, beauté toujours nouvelle.
Plus on la voit de près, plus elle paraît belle;
Les hommes fortunés que son amour remplit
Négligent les faux biens et cultivent l'esprit.
La science est le don que sa main distribue;
Mais ne présumez point qu'elle se prostitue :
Les arts sont comme Églé, dont le cœur n'est rendu
Qu'à l'amant le plus tendre et le plus assidu.
Si vous savez l'aimer, prodigue en ses largesses,
Elle ouvrira pour vous des sources de richesses;
L'usage qu'on en fait les augmente encor plus,
C'est le trésor sacré de toutes les vertus.
La vérité, tenant la plume de l'histoire,
Embrassant tous les temps, présente à la mémoire
Ces empires puissants que le ciel fit fleurir,
Qu'on vit naître, monter, s'abaisser et mourir.
C'est là qu'on apprend l'art de régner sans puissance
En pliant les esprits au gré de l'éloquence;
Qu'on se connaît soi-même, et que, maître de soi,
En domptant ses désirs on est son propre roi;
Qu'avançant pas à pas, l'expérience sûre
a Ce vers et les trois suivants sont une réminiscence du commencement du VIIe chant de la Henriade :
Du Dieu qui nous créa la clémence infinie, etc.