<78>Aux animaux l'instinct, aux hommes la raison.
Qui vers les vérités sent son âme élancée,
Animal par les sens, est dieu par la pensée;
Pourriez-vous négliger ce présent précieux,
Qui rend l'homme mortel un citoyen des cieux?
L'esprit se perd enfin chez les Sardanapales;
Il est pareil au feu qu'attisaient les vestales,
Il faut l'entretenir, l'étude le nourrit,
S'il ne s'accroît sans cesse, il s'éteint et périt.
Voilà le seul parti que le sage doit suivre :
Végéter c'est mourir, beaucoup penser c'est vivre.
(Envoyée à Voltaire le 29 novembre 1748.) A Potsdam, le 26 de septembre 1749.