« <147>votre courage, que tous vos généreux compagnons sont hors de combat, et que le sort des Grecs dépend de votre bras. »a Mais achevez l'histoire de Louis le Grand; et ayant eu l'honneur de donner à la France un Virgile, ajoutez-y la gloire de lui donner un Arioste.
Les nouvelles publiques m'ont mis de mauvaise humeur; je trouve que, comme vous n'êtes point à Paris, vous seriez tout aussi bien à Berlin qu'à Lunéville. Si madame du Châtelet est une femme à composition, je lui propose de lui emprunter son Voltaire à gage. Nous avons ici un gros cyclope de géomètreb que nous lui engagerons contre le bel esprit; mais qu'elle se détermine vite. Si elle souscrit au marché, il n'y a point de temps à perdre : il ne reste plus qu'un œil à notre homme, et une courbe nouvelle qu'il calcule à présent pourrait le rendre aveugle tout à fait avant que notre marché soit conclu. Faites-moi savoir sa réponse, et recevez en même temps de bonne part les profondes salutations que ma muse fait à votre puissant génie. Adieu.
a Iliade, ch. XIII, v. 47-58.
b Léonard Euler. Voyez t. IX, p. 74, et t. X, p. 158 et 196.