<173>Toi, que j'ai pleuré tant de fois,
Toi, de qui la perte cruelle
M'est encor récente et nouvelle? »
Là, dans ces transports véhéments.
Je vole à ses embrassements;
Mais trois fois cette ombre si chère,
Telle qu'une vapeur légère,
Semble s'échapper à mes sens.
« Le destin, qui de nous décide,
Défend à tous ses habitants,
Dit-il, d'approcher des vivants;
Mais j'ose te servir de guide,
C'est tout ce que je peux pour toi.
Vers ces demeures fortunées
Où les vertus sont couronnées
Je vais te mener; viens, suis-moi. »
Là, sous d'ombrages admirables
De myrtes mêlés de lauriers,
Je vis des plus fameux guerriers
Les fantômes incomparables :
« De ces illustres meurtriers
Fuyons, me dit-il, au plus vite;
Des beaux esprits cherchons l'élite. »
Plus loin, sous un bois d'oliviers
Entremêlés de peupliers,
Je vis Virgile avec Homère;
Tous deux paraissaient en colère.
Je vis Horace qui grondait,
Et Sophocle qui murmurait.
Une ombre qui de notre sphère
Dans ces lieux descendit naguère