<19>Versent sur nous un torrent de délices;
Mon cher Fouqué, ce n'est que d'autant mieux
Nous condamner : quels étranges caprices!
De tous ces morts que l'on a tant vanté
Le grand mérite était la pauvreté,
Et nos péchés, ce sont quelques richesses :
Beaux arguments, dignes d'un hébété.
Ou d'un esprit né pour les petitesses,
Qui, des fureurs de l'envie agité,
Va publier, comme des gentillesses,
Les songes creux de sa malignité!
Depuis le temps que subsiste le monde,
Il va toujours son train également;
Le ridicule en cent façons abonde,
Et reparaît toujours plus follement;
C'est un protée, et ses formes nouvelles
De nos censeurs irritent les cervelles.
Au demeurant, les hommes de nos temps,
Avec ces morts rangés en parallèles,
Ne sont meilleurs, ni ne sont plus méchants.
Si nos frondeurs me mettent en colère,
Je vais prouver à tout critique austère
Que les beaux-arts de nos farouches mœurs
Ont adouci la rage sanguinaire.
O jours heureux! ô siècle débonnaire!
Tu ne fournis trahisons ni fureurs;
Les cœurs pervers ne le sont pas sans honte,
Et c'est beaucoup gagner, selon mon compte.
Mais gardons-nous de pousser sur les bancs,
In barbara, d'ennuyeux arguments :