<193>Répond Wallis; on n'était point volage.
Jeunes héros, suivez l'ancien usage.
Le bon Charlot, qui nous a rassemblés
Pour haranguer dans un conseil de guerre,
Ne prétend point que l'ordre en soit troublé. »
Eh! qu'en dirait la Reine et l'Angleterre?
Le duc saxona civilement répond,
Tirant le pied, faisant la révérence :
« Oui, bon seigneur, vous avez grand' raison.
Enlevons donc l'ambassadeur de France,
Aux Prussiens imprimons cet affront;
Car, en effet, avec notre canaille,
L'enlèvement vaut mieux que la bataille.
Et quant à moi, disciple de Luther,a
Je suis Charlot, fût-ce même en enfer;
Tous nos Saxons sont vos auxiliaires.
Que vos saints donc mènent nos gens de guerre. »
« Ah! jour de Dieu! dit le fougueux Waldeck,
L'œil enflammé, sans pudeur, sans respect,
Prince saxon, vous parlez comme un lâche.
Dans les repas vous faites le bravache,
Et, comme on sait, ne manquez par le bec;
Mais lorsqu'il faut payer de sa personne,
Vous évitez, prince, de ferrailler;
Les Prussiens vous font toujours plier.
Eh! quelle est donc cette affreuse Gorgone
Qui fait, Saxons, que votre cœur frissonne?
Que dira-t-on de nous dans l'univers,


a Le Roi veut parler du feld-maréchal saxon Jean-Adolphe II, duc de Saxe-Weissenfels, né en 1685, mort en 1746. Voyez t. III, p. 124 et 189.