<206>Un composé de comiques abus,
Pour le bon sens nourriture indigeste,
Auxquels, ma foi, le monde ne croit plus.
Imaginez un amas de chanoines,
Prêtres, curés, mille sortes de moines,
Tous ensemble pêle-mêle entassés;
Imaginez, si vous pouvez, des anges,
Des chérubins, vers le haut bout placés,
Des séraphins, des trônes, des archanges,
Pour bien chanter de bonne heure châtrés;
Imaginez au milieu d'eux que brille
Du vieux papa la céleste famille :
Près de sa dextre on voit, avec son fils,
Une beauté, reine du paradis,
Beauté faisant enfants en son jeune âge,
Et conservant toujours son pucelage.
O mes amis! ah! que c'est bien dommage
Qu'on ait perdu dans nos jours tant maudits
De ces temps-là l'antique et bon usage!
On voit encor dans ce brillant taudis
Les quatre grands et les petits prophètes,
Quelques Hébreux, rasibus circoncis,
Resplendissants comme on voit les planètes.
Ah! vous voilà, cher Luther, et Calvin,
Au paradis, en chausses et pourpoint!
Tant mieux pour nous que là sont hérétiques :
Y sont encor bien d'autres schismatiques,
Qu'y place au moins la superstition.
Là j'aperçois le grand saint de la Mecque;
On va donc là sur son opinion?
Tandis que vous, Horace et Cicéron,