<208>De l'étouffer sans le laisser grandir.
Le roi des cieux ainsi, plein de prudence,
Prévint le mal; l'archange Michaël,
Ce courrier des choses d'importance,
Fut député vers le peuple éternel,
Pour l'amener d'abord à l'audience.
Les cordons bleus s'approchent le plus près
De ce grand roi, qui, mettant sa couronne,
Et s'apprêtant à lancer ses décrets,
Va se placer sur son immense trône.
Ce trône est fait d'argent, d'or et d'airain;
Et Belzébuth, à la forge infernale,
Le travailla de sa griffe au burin.
Il y grava l'aventure fatale
De sa révolte et de sa triste fin,
Par son exemple et son cruel destin
Avertissant tous les saints à cabale
De réprimer tout penser trop mutin.
Dans cette cour, tout comme dans une autre,
Légers y sont messieurs les courtisans;
Le saint nouveau, le martyr et l'apôtre
Y font aussi les fiers, les suffisants.
Le trône était négligé de ces gens;
Tous ces faquins de moines et de prêtres
Au paradis faisaient les petits-maîtres,
Disaient : « Ce trône est l'œuvre des méchants;
A l'hiéroglyphe on ne peut rien connaître.
Que des reliefs aillent donc se repaître
Nos songe-creux, nos docteurs, nos pédants. »
Mais cependant le divin interprète,
Tout boursouflé, sonnait de la trompette.