<217>Honneur se fait à Rome le saint-père
De ce qu'il est successeur de saint Pierre.
Légèrement, sur sa meule à moulin,
Saint Nicolas traversa l'hémisphère;
Pour Pétersbourg partit le calotin,
Y ranimer sa cendre, qu'on révère.
Antoine alors part à califourchon :
Piquant des deux, il presse son cochon;
Ce saint des porcs est l'auguste patron.
Ah! vous voilà, le colosse de Rhode?
Ce n'est pas lui, c'est un saint hors de mode,
Le grand Christoph, de l'inconstant clergé,
Dans un recoin, sans culte, négligé.
Un autre part, il veut chômer sa fête.
Vous oubliez, saint Denis, votre tête;
Reprenez-la, car, malgré les dévots,
Sans tête, un saint fait rire les badauds.
Là, saint François, tout criblé de stigmates;
Ce preux martyr, encor couvert de sang
A gros bouillons sortant des quatre pattes,
Et jaillissant de son généreux flanc,
S'en va tout droit dans un riche couvent.
Ce jour, sa châsse en pompe se promène,
Et le gardien et les religieux,
Et les dévots que fournissent tous lieux,
Qu'à pareil jour on trouve à la douzaine,
Suivent le saint d'un air humble et piteux.
A son honneur ils fêtent la neuvaine,
En s'enivrant d'un vin délicieux.
J'ai la berlue, ou je crois, Dieu me damne,