<236>O mes amis! comment puis-je poursuivre,
Et vous conter leurs propos libertins?
Ne pensez pas que la délicatesse
Soit en usage en de pareils amours;
Figurez-vous plutôt ce que l'ivresse
Peut inspirer de féroce aux pandours.
On y voyait des filles effarées,
De la jeunesse et des grâces parées,
Au dur Franquin, à ces fiers ravisseurs,
Et par l'audace, et par mille fureurs,
Dans ces cachots indignement livrées.
Dans les moments qu'ils comblaient leurs plaisirs,
En détournant leur innocente bouche,
Versant des pleurs et poussant des soupirs,
Elles pouvaient par leurs cris adoucir
Et la panthère, et le tigre farouche.
Ces scélérats, qui n'avaient le cœur bon,
Ni plus ni moins remuaient du croupion;
On aurait dit, voyant ces mœurs étranges,
Que les démons y violaient des anges.
A ces plaisirs ces brutaux, ces félons
Font succéder la plus crasse débauche :
Rassasiés des délices connus,
Ils enfilaient la route par la gauche,
Et s'enivraient de plaisirs défendus;
Enfin, lassés de leur sale aventure,
Car on revient trop tôt de ces abus,
Buvaient du vin autant que la nuit dure.
Franquin surtout écumait de luxure,
Et le souper touchait à sa clôture,
Quand des pandours viennent, tout morfondus,