<249>Un cœur timide, une flamme discrète
Par le pantin parvient enfin au jour.
Pour honorer dans la ville et la cour
Ma découverte utile et fortunée,
Elle servit d'époque à cette année;
Évalués en bons deniers comptants,
De ces pantins j'eus cent vingt mille francs.
Lors je donnai dans le goût des voyages;
Rien ne peut tant former les jeunes gens.
De nos Français me lassaient les visages,
Je souhaitais voir d'autres habitants.
De mon pays je pars pour la Hollande;
Je vois partout faces de contrebande,
Des gens épais, et grossiers, et lourdauds.
Je ne crus pas être parmi des hommes,
Comme du moins nous autres Français sommes.
Figurez-vous un peuple d'escargots,
Toujours glacés, animaux aquatiques,
Tant que poissons pour le moins flegmatiques,
Qui dans une heure articulent deux mots.
Je me compose, et, d'un air doux et sage,
Je leur demande : Et de quoi vivez-vous?
- De nos troupeaux nous pressons le laitage,
Nous vendons tous du poivre, du fromage;
Comme marchands, sommes un peu filous.
L'Europe entière est notre tributaire,
Et nous savons la plumer et la traire. »
- « Comment, leur dis-je, êtes-vous gouvernés?
- Jadis foulés d'oppresseurs obstinés,
Dans notre sang noyant leur tyrannie,