<253>Bientôt mon corps n'y pouvait plus suffire.
Tantôt couvert des vagues de la mer,
Et malgré moi buvant son sel amer,
Près de périr par un nouveau naufrage,
Je fus poussé sur le prochain rivage;
Et n'étant guère éloigné de ce bord,
Me recueillant par un dernier effort,
Je gagne enfin l'Angleterre à la nage.
Qu'on est heureux de retrouver le port! »
Franquin s'écrie : « Oui, c'eût été dommage
De toi, badaud, babillard indiscret!
De te noyer le saint aurait bien fait.
Poursuis toujours. » - « Mes compagnons périrent,
Jamais, ô ciel! mes yeux ne les revirent;
Peut-être ils sont mangés par les harengs;
Ils sont damnés, ils sont morts sans confesse.
Quant à mon saint, je lui tins ma promesse,
Et lui donnai deux cierges des plus grands.
Puis, pénétrant dans ces lieux pacifiques,
Je dis : Hélas! ces dogues britanniques
Habitent donc des lieux aussi charmants!
Mais sur ce bord pourquoi plus me morfondre?
Pour voir l'Anglais, il faut aller à Londre.
J'arrive enfin, et, dans le même jour,
Je vois la ville et parais à la cour.
L'Anglais mordant, trop fier en son domaine,
Nomme son roi le seigneur capitaine.
Il me reçut, et dit au général :
A ce Français montrez mon arsenal.
J'imaginais de le trouver plein d'armes;
Mais point du tout; au lieu d'objets d'alarmes,