<264>Quand de sa mort il voit quelque présage,
Il part, s'élance, excitant son courage,
En bondissant, il franchit les filets :
De même alors je sortis de l'Espagne,
Tout étourdi de ce terrible choc,
Toujours pleurant ma funeste campagne,
Toujours trottant sur la haire et le froc.
J'arrive enfin d'Espagne en Italie.
Bien différent est ce pays latin
De ce que fut l'ancienne Ausonie :
Profond savoir, beaux-arts, esprit humain,
Tout y paraît pencher vers le déclin.
L'Italien, entouré de ruines,
Enorgueilli d'illustres origines,
Se croit encore un citoyen romain;
Et les prélats, abbés, moines et prêtres
Y vivent tous sur la gloire et le nom
De ces héros, leurs illustres ancêtres.
Parlez un jour à quelque Pantalon,
Il citera le temps de Cicéron,
Celui d'Auguste, et Côme de Florence,
Qui des beaux-arts hâta la renaissance;
Mais de citer ces temps modernes, non.
Les descendants d'Emile et de Caton,
Se dévouant au dieu de l'harmonie,
Se font couper les sources de la vie,
Pour fredonner des airs de violon.
Tout barbouillés et de rouge, et de plâtre,
Ces bons chapons sont héros de théâtre,
La nymphe Écho les adopta pour fils;
Tant les Romains se sont abâtardis!