<273>« Ah! sacredieu! serai-je donc en butte,
S'écria-t-il, aux fiers Autrichiens?
Dans votre camp Charlot me persécute,
Il m'enleva, tout au milieu des miens,
Le bon Darget. Hélas! lorsque j'y pense,
Je vais mourir de cette affreuse offense;
Mais c'est sur vous que retombe l'affront :
Ne suis-je pas votre palladion?
O Prussiens! lavez l'opprobre infâme
Qu'à Jaromircz un Franquin vous a fait;
Que l'on reprenne, ou bien que l'on réclame,
Chez l'ennemi, mon pauvre ami Darget;
Mais non, plutôt allez combattre en foule,
Et que le sang de ces perfides coule. »
Le gros marquis très-fort se démenait,
Frappant son front, contre Franquin jurait :
« De le saisir si Dieu me fait la grâce,
Son mufle affreux je lui déchirerai,
Et ses deux yeux certes j'arracherai. »
On lui répond : « Que voulez-vous qu'on fasse?
Pour terminer, marquis, vos embarras,
Tous nos héros vous offriront leurs bras. »
Mais le marquis, s'échauffant de colère,
Allait au camp embrouiller son affaire,
Lorsqu'au conseil, où la chose se sut,
Tout d'une voix la Prusse résolut
De satisfaire au plus vite à la plainte
Qu'en blasphémant avait fait le marquis,
Et d'obliger, par douceur ou contrainte,
Et le Franquin, et tous les ennemis,
A renvoyer Darget sans nulle atteinte.