<275>Qui, bagnaudant, s'amusait dans sa tente
A chatouiller de jeunes étourdis.
« Prince, dit-elle, est-ce là notre attente?
Quand vos projets prennent un train de chien,
Que vous voyez tromper votre espérance,
Dans des sujets de pareille importance
Vous badinez, et ne pensez à rien?
On n'a point pris de l'armée ennemie
Le talisman, le grand palladion.
Votre valeur serait-elle endormie?
N'aimez-vous plus la réputation?
Des ennemis bientôt verrez l'audace,
Ces insolents vous viendront face à face
Redemander votre captif Darget;
Si leur donnez, de Charlot c'en est fait.
Ranimez donc l'ardeur ambitieuse
Qui vous porta naguère aux grands exploits;
De vous dépend la destinée heureuse
Et de l'Autriche, et des plus puissants rois. »
Le monstre dit; par une sourde flamme,
Du bon Charlot il sut embraser l'âme.
Ce prince était confus de ses erreurs;
Comme l'on voit des enfants, à l'école,
En s'effrayant, quitter un jeu frivole
Quand tout à coup paraissent leurs recteurs,
En pâlissant, baisser les yeux sur terre,
Tout interdits, rester sans mouvement :
Ainsi Charlot, ce grand foudre de guerre,
Resta muet dans le premier moment.
Mais dans son cœur tout animé de rage