<300>Ceux du Timoc, les féroces Raziens,
Vaillants soldats et gens de grand mérite.
Tout à la gauche on voyait les dragons,
Plus bas montés, fermes dans les arçons.
De tous côtés faisant des escarmouches,
S'éparpillant, voltigeant comme mouches,
Caracolaient des milliers de hussards;
Ils paraissaient les bouffons du dieu Mars.
Le dur Franquin prit un parti plus sage,
Il ne songea qu'à piller le bagage;
Il ne crut point y courir de hasards.
Le bon Charlot à chaque chef assigne
Le corps qu'il doit commander dans la ligne.
Tout sur la gauche on plaça les Saxons,
Qui, l'air pincé, promettaient des merveilles,
Mais pâlissaient quand des coups de canons
Parfois de près leur frisaient les oreilles.
A la réserve on assigna Wallis;
Aux cuirassiers commanda Lobkowitz.
Mais celui-ci, tout bouillant de courage,
Le sang soudain lui montant au visage,
Dit à Charlot d'un ton chagrin et sec :
« J'ai réservé mon bras et ma personne
Pour les grands coups, en quelque lieu qu'on donne;
Tout poste fixe à mon cœur est suspect. »
Ce jour, Charlot, tout rempli de prudence,
Resplendissant et sage comme un dieu,
Ce compliment lui passa sous silence.
Sans lui répondre, il le quitte en ce lieu;
De d'Aremberg il va joindre la troupe :