<47>Hélas! il est trop vrai, l'homme est bien peu de chose,
Et s'il s'épanouit comme une fraîche rose,
Il se fane au souffle des vents :
Un fragile tissu de fibres diaphanes,
De subtiles ressorts, de débiles organes
De nos jours fugitifs sont les faibles garants;
L'artiste arrangement de ce frivole ouvrage
Est l'œuvre d'un auteur plein d'ostentation,
Et s'il nous fit à son image,
Il ne pensa point à l'usage
Que dans ce monde nous ferions
De ce corps fait en filigramme,
Étui ridicule où notre âme
Loge avec mille passions.
Quand des Amours badins la compagne riante,
En séduisant nos cœurs, enflamme nos désirs,
D'un prestige enchanteur la force décevante
Persuade à d'Argens d'une voix complaisante
Qu'il est aigle en amour, Hercule en ses plaisirs.
Dès que l'Amour volage une fois nous affecte,
Il se fait un miracle, un changement soudain;
Le débile et rampant insecte
Pense que son corps est d'airain.
Partez, plaisirs, partez, à jamais je vous quitte,
De vos brillants dehors mon âme fut séduite;
Tumulte, astuce, vanité,
Douce erreur, flatteuse chimère,
De votre peu de savoir-faire
Mon esprit n'est plus entêté;
Revenu de ma folle ivresse,