<88>Il se plaignait avec un doux souris
Que le Très-Haut, quoique prudent et sage,
Donne aux élus les peines en partage :
« J'ai fait, dit-il, un très-beau mandement,
In extenso, contre tout mécréant;
Je l'ai conclu, pour soutenir mon thème,
En prononçant un terrible anathème. »
C'est fort bien fait, répondent nos fripons :
Lorsqu'on n'a pas de puissantes raisons
Pour ramener un rebelle à l'Église,
Le plus court est qu'on l'anathématise.
« Vous le voyez, repartit le prélat,
Quels sont les soins de mon épiscopat :
J'ai fait des saints l'histoire intéressante;
Mais que dit-on de mes nouveaux sermons?
On vend partout cette œuvre édifiante. »
Ils sont très-beaux, mais ils sont un peu longs,
Et Massillon vous rend de grands services;
Il vous fournit de bons et forts secours.
« Observez bien : du déluge à nos jours,
En les peignant, j'ai foudroyé les vices;
J'ai condamné ces spectacles d'horreur,
Bal, opéra, redoute, comédie. »
Vous les avez sans doute vus, monsieur?
Dis-je en tremblant. Dieu garde! de ma vie.
Quoi! vous, prélat, qui ne connaissez rien,
Vous décidez et du mal et du bien?
Allez ouïr déclamer sur la scène
Ces beaux morceaux que Molière a laissés,
Où nos défauts par lui sont terrassés.
Il n'est rien là ni d'impur ni d'obscène,