<138>Et son roi, dégoûté d'inutiles forfaits,
Las de tant d'embarras, respirera la paix.
Cette paix lui devient utile et nécessaire :
Ses peuples opprimés périssent de misère,
Ses trésors par l'Autriche ont été épuisés.
Ses héros par l'Anglais vaincus ou dispersés,
Ses vaisseaux, souverains d'Éole et de Neptune,
Échoués ou battus, maudissent leur fortune.
Un vaste État, fondé dans un climat lointain,
Qui portait pour tribut du bord américain
Ces poissons recherchés du zèle apostolique,
D'abstinence et de jeûne aliment catholique,
Ce Canada, conquis par ses fiers ennemis,
Aux hérétiques mains des Bretons est soumis.
La France sans trésors, sans vaisseaux, sans système,
Sans Québec, est réduite à manquer au carême;
La paix, la seule paix peut enfin la tirer
Du malheur que le temps doit encore empirer.
Dans son accablement, son orgueil plus flexible
Aux maux du genre humain entrouvre un cœur sensible,
Et paraît s'empresser d'en terminer le cours;
La modération éclate en ses discours,
De son esprit altier les funestes maximes
Font place aux sentiments des âmes magnanimes.
Le peuple, qu'éblouit ce généreux effort,
Pense qu'il va jouir des biens de l'âge d'or,
Qu'étouffant la discorde ainsi que la vengeance,
Son bonheur et la paix lui viendront de la France.
Mais ce peuple imbécile est dupé par les grands,
Oppresseurs des États, du monde sous-tyrans,