<18>L'œil brûlant de fureur, la Discorde infernale
Excite en vos esprits cette haine fatale,
La soif de vous détruire et de vous égorger.
Vos sacriléges mains déchirent vos entrailles :
Le ciel, le juste ciel, qui se sent outrager,
N'éclaire qu'à regret vos tristes funérailles;
Et craignant de se souiller,
Déjà le flambeau céleste,
Comme au festin de Thyeste,
Est tout prêt à reculer.
Tels, dans ce gouffre affreux, impur, abominable,
Où la Haine établit son trône impitoyable,
On dépeint ces esprits orgueilleux, malfaisants,
Dont la troupe inquiète insolemment conjure,
Dont la rébellion et les vœux impuissants
Tendent à renverser l'ordre de la nature.
Ils disent dans leurs complots :
Des cieux brisons la barrière,
Et replongeons la matière
Dans son antique chaos.
Perfides, vous craignez qu'au tranchant de l'épée
Du sang des citoyens une goutte échappée
Ne reproduise encor de nouveaux défenseurs.
Enfants dénaturés d'une commune mère,
Pour consommer le crime et combler vos noirceurs
Vous armez des brigands d'une terre étrangère;
Compagnons de vos exploits,
Déjà leur fureur conspire
A renverser dans l'Empire
Et l'équilibre et les lois.